DebConf 2025
Ces 2 dernières semaines (c’était du 7 au 19 juillet), la communauté Debian avait posé ses valises (et toute sa geekerie) à Brest pour le DebCamp et la DebConf 2025. Et grâce à un déplacement organisé par Evolix (mon employeur) j’ai pu y participer pleinement.
Une DebConf est une conférence dédiée à la distribution Debian, organisée par la communauté. Elle a lieu tous les ans dans une ville différente du monde. C’est l’occasion pour quelques centaines de personnes de se rencontrer physiquement pour des discussions, travaux, présentations, et moments sociaux. Elle est reconnue comme étant un élément clé dans la cohésion de cette communauté globale. Généralement la DebConf se déroule du lundi au samedi avec un planning dense de présentations et quelques moments plus détendus pour favoriser la socialisation. Elle est souvent précédée par une semaine de DebCamp, beaucoup plus informel qui permet à des équipes spécialisées de se retrouver pour des sessions de travail en face-à-face, organisées ou impromptues
Ma première participation à une DebConf était en 2017 à Montréal. Depuis j’ai participé à l’organisation de plusieurs Mini DebConf ([Toulouse 2017(https://wiki.debian.org/DebianEvents/fr/2017/Toulouse)], Marseille 2019, Toulouse 2024). Ce sont des versions plus modestes et plus courtes, mais l’esprit reste identique.
Sans grande poésie je vais passer en revue les différents aspects qui m’ont marqué pendant ces 12 jours.
Travaux internes
Les quelques personnes d’Evolix qui étaient là ont pu se réserver quelques heures de travail, plus ou moins focalisées sur Debian et des projets internes en cours. On n’a rien révolutionné, mais on a pu faire avancer les choses sur plusieurs points. C’était cool d’avoir une occasion supplémentaire de le faire car dans le feu du quotidien, ça n’arrive pas si souvent que ça. Personnellement j’ai très peu gardé le contact avec le reste de l’activité de la boîte. J’avoue avoir beaucoup de mal à être dans deux dynamiques à la fois.
Video-team
J’avais très envie de mettre un peu les pieds dans l’équipe vidéo de Debian. C’est un pilier des événements car c’est ça qui fait que les présentations sont filmées pour être diffusées en direct puis disponibles au visionnage. Ils ont mis sur pieds il y a bien longtemps et raffinent année après année un dispositif professionnel de captation, de mixage, de diffusion… Ça résonne particulièrement avec mes hobbies donc je voulais m’impliquer plus. J’ai suivi leur formation pour la manipulation en direct : technicien son, opérateur caméra et réalisateur. J’ai pu assurer un de ces rôles pendant une quinzaine de sessions. Au delà de l’utilité pour la conférence, j’ai appris plein de choses en posant mille questions aux vétérans. La prochaine étape pourrait être de rentrer plus dans les coulisses. Ça sera peut-être pour une prochaine fois.
Contenu
Les contenus et les sujets présentés pendant une DebConf sont très variés mais tournent exclusivement autour de la distribution. Certaines pésentations sont très techniques et pointues, d’autres sont orientées sur la communication, la gouvernance, la diversité, la communication… Il y a en pour tous les goûts. Il arrive que je sois dans une salle et qu’une présentation me parle plus que la moyenne, mais généralement je me sens moyennement connecté car je n’ai pas un rôle central dans cette communauté. Je ne suis pas mainteneur de paquets, ni aucune autre équipe. Voici quelques présentations qui m’ont intéressé ou marqué :
- Semi-serious stand up comedy, 10 years later
- wcurl - one year later
- reproduce.debian.net - rebuilding what is distributed from ftp.debian.org
- Bits from APT
- Meet the Technical Committee
- debian.social BoF
DayTrip
Généralement en milieu de conférence, une journée spéciale — le Day Trip — permet à tout le monde de s’écarter des salles de travail et de présentation, pour aller passer une journée plus touristique. Il y a souvent plusieurs choix possibles. J’ai choisi l’option de la journée de balade à vélo sur l’Île d’Ouessant. Après 1h30 d’une traversée en bateau qui a tracassé l’estomac de quelques personnes, on a été accueilli par un grand soleil et des vélos rouges. Une belle crêperie a pris soin de nos papilles et nous a donné des forces pour arpenter l’île. On y a rencontré quelques chèvres, moutons et vaches, une végétation visiblement influencée par un climat marin rigoureux et plusieurs phares ou vigies. Les coups de soleil ont surpris les maladroits qui n’avaient pas anticipé.
Soirée « Cheese & Wine »
Autre tradition depuis 2004, une soirée est dédiée au partage de denrées alimentaires variées, par toutes les personnes intéressées. Ça va bien-sûr au-delà du vin et du fromage, même s’ils restent les composants phares de la soirée. Au total ce sont des dizaines de kilos de fromages et de litres de vin (ou autres alcools plus ou moins forts) qui ont été engloutis en 3 heures, après un après-midi entier nécessaire à la découpe, étiquetage, présentation… Anecdote marseillaise ; à Montréal nous avions apporté du pastis et des non connaisseurs s’étaient lancés dans une dégustation sans eau ajoutée. Ça nous avait fait bien rire à l’époque (plus qu’eux), donc cette année j’avais mis une étiquette explicite sur la bouteille : « add water : 5×1 ». Il faut croire que les gens ne lisent pas, car très peu d’eau a été ajoutée au super « Pastis de la Plaine » apporté par Grégory. Pour ma part, j’ai abusé d’un Parmesan de 150 mois, de la caïpirinha préparée par les brésiliens, de Gins de Martinique et de Suisse (et oui !). Je suis rentré repu et saoul, mais dignement !
Les langues
Il y avait des personnes de plus de 50 pays différents. Évidemment l’anglais est la langue de référence dans ces cas-là, mais occasionnellement des groupes se replient temporairement sur leur langue commune. On a beaucoup entendu d’allemand, de français, de portuguais/brésilien… On peut noter l’effort important que cela demande aux personnes dont l’anglais n’est pas la langue maternelle ou une langue massivement enseignée.
Notre présentation
Grégory et moi travaillons depuis plusieurs mois à une présentation de la manière dont nous maintenons à jour nos serveurs sous Debian. Après plusieurs itérations, nous avons préparé une version en anglais qui couvrait en 40 minutes les mises à jour mineures (de sécurité) et les majeures (changement de version). Un mauvais virus a malheureusement empêché Grégory de faire la présentation avec moi. J’ai l’impression que ça s’est bien déroulé. Il y a eu plusieurs questions pertinentes sur place et plus tard. La captation vidéo est de mauvaise qualité. Les diapos ont été coupées et le cadrage n’est pas super. Et comme pour quelques autres présentations, le son a été dégradé par l’enregistrement. Nous présenterons d’ailleurs (en français) ce même sujet au Capitole du Libre à Toulouse le samedi 14 novembre 2015.
Rencontres
La DebConf est surtout un événement social. C’est l’occasion de rencontrer ou retrouver des gens qui sont directement responsables de parties de la distribution ou de la communauté. Nous avons notamment pu discuter avec Lee Garrett qui maintient Ansible dans Debian. Nous avons mis en évidence que la version de Debian 13 est incompatible avec des serveurs en Debian 10 ou inférieur. Ça permis de discuter de solutions ou contournements possibles. J’ai aussi longuement discuté avec des personnes qui font un métier d’hébergeur/infogérant comme Evolix. Nous avons partagé des approches, techniques, difficultés… En dehors des paquets et du code on retrouve la très grande diversité de Debian au travers des humains qui la font vivre ; religions, langues, cultures, identités de genre… Dans un monde polarisé, chargé d’antagonismes, ça fait du bien de trouver de l’ouverture (d’esprit, de bras, de code).